"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

dimanche 17 avril 2016

De la mort, du sexe et de l’éternel présent…



En regardant cette photo repérée dans une banque d’images, j’ai repensé à ces mots qui reviennent souvent ici pour justifier l’un ou l’autre de mes radotages : "(depuis que) la mort a remplacé le sexe dans l’ordre de l’obscène"…

Autant que le sexe, que dis-je, plus encore que lui, la mort fait partie de la Vie ; consubstantiellement…
Certes, le sexe aussi. Mais cépapareil. D’abord, parce que le sexe peut non seulement se décliner en éros-agapé, mais aussi avec une facilité euh… désarmante, en éros-éros, éros-pornos et autres variantes… Et, comme le bonheur, ce sexe-là n’a finalement à voir qu’avec la fugacité éphémère du présent, sans autre lien avec le passé que la volonté radotante d’en répéter certaines instants, ni d’autre lien avec l’avenir que l’espérance du joueur de loto voulant récupérer sa mise. Bref, il se résume à se mordre la queue (sic) et n’a rien à voir avec l’éternité. C’est pourquoi, dans l’intérêt de l’avenir de l’espèce, nos anciens avaient jugé prudent de ne pas "en faire un sujet" et de regarder ailleurs pendant qu’il faisait son office sous la couette vu-qu’il-faut-bien-que-la-chair-exulte…
De nos jours (mais le ver était déjà dans le fruit depuis le Romantisme sans attendre les Simone), le lien du sexe avec l’altérité, la reproduction de l’espèce, toussa, s’est dégradé, délité, ringardisé. Etant devenu sans lien avec l’Eternité, il cessait d’être dangereux pour l’avènement du libre enfouissement de tous dans l’éternel présent sans souci d’avenir ! Ça pouvait donc être un sujet de conversation raisonnable (sinon raisonné), y compris dans de petits salons blafards de vieilles retraitées. Mais je m’égare…

La mort disais-je. Celle-là, en revanche, ne se découpe pas facilement en tranches. On ne sait pas par quel bout la prendre. Ou plutôt, on ne sait plus. Avant, elle allait de soi. Rares étaient les anciens qu’on placardisait à l’hosto ou à l’EHPAD. Pour moi, alors en culotte courte comme les plus jeunes de la photo, la première fois pour-de-vrai, c’était la vieille grand-tante décharnée et cireuse, immobile la bouche ouverte, hébergée dans la chambre mitoyenne de la mienne. On laissait sa porte ouverte et on passait la voir souvent. Les "grands" savaient qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire mais je ne le savais pas. Passant dans le couloir, j’avais trouvé qu’elle dormait de façon un peu bizarre. Mais bon. Cinq minutes après, ma mère est montée et a appelé : Elle était morte…
On lui a fait un bel enterrement. Les "grands" avaient suffisamment de souvenirs à échanger en buvant des canons. Et nous étions heureux de nous retrouver entre cousins. A l’époque, il était plutôt mal vu de ne passer au cimetière qu’une seule fois par an à la Toussaint…

Aujourd’hui, la mort semble avoir été définitivement exclue de la vie. Ce qui revient quelque part à vider la Vie de son contenu. Sans la Mort, la Vie ne se résume plus qu’à une succession étourdissante d’instants du présent (étourdissants au sens propre) destinés tout au plus à meubler.  
La preuve nous en est donnée tous les jours. La mort est certes présente tous les jours dans les "actualités" ; mais elle n’est "traitée" que comme un produit dérivé se résumant à des chiffres uniquement cités pour renforcer le poids du "sujet" qui n’est pas les morts mais le sous-produit ponctuel d'un évènement, qu’il s’agisse de terrorisme, d’une catastrophe naturelle, d’une pandémie ou de la nocivité d’un virage routier…
Par ailleurs, la mort ne fait plus commercialement recette que comme fiction violente scénarisée dans les films et séries télé. Ne peuvent la voir pour-de-vrai que les proches à la morgue des hôpitaux, comme autrefois le sexe ne se voyait que sous la couette des très-proches…

J’aurais aimé jouer à saute-mouton sur la tombe de certains de mes anciens qui n’en auraient pas été choqués et auraient même sans doute apprécié cette manifestation de vie de ma part. L’idée ne m’en est malheureusement jamais venue.
Aujourd’hui, je me contente d’aller parfois fumer ma clope sur la tombe de Mme Ploukèm où ma place m’attend. Question d’âge sans doute…      

2 commentaires:

  1. Un vraiment beau billet !

    NB: excellent cet " eros-agapé "

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  2. Pour du "cogito ergo sum" c'est du bien pensé et du bien narré!
    Droopyx

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